Qu'est-ce que le développement social?
Une réponse globale à une crise systémique
Depuis la crise sanitaire chacun perçoit davantage le caractère anthropologique de la vulnérabilité dont souffre notre société. On mesure mieux les symptômes issus de la précarisation de l’emploi et de la déliquescence du vivre-ensemble. On identifie ainsi avec de plus en plus de lucidité les origines d’un mal de vivre caractérisé par un repli sur soi individuel et communautariste. On peut parler de véritable crise du sens entretenue tout à la fois par les mutations environnementales, économiques, socio-démographiques, mais aussi l’évolution trop individualiste et trop consumériste des modes de vie. Le contrat social en est nécessairement affecté, ce qui donne au développement social une responsabilité particulière : contribuer à rétablir liens et repères collectifs.
Le rôle incontournable des pouvoirs locaux
Face à cette évolution les pouvoirs locaux, qu’il s’agisse des collectivités territoriales ou des associations et organismes de protection sociale, doivent jouer un rôle prioritaire dans le rétablissement des équilibres fondamentaux de la société. Non seulement ils en détiennent la légitimité démocratique mais leur proximité vis-à-vis de la population en fait le niveau naturel d’intervention. Car si l’Etat a la responsabilité de la liberté et de l’égalité, le local a celle de la fraternité.
En outre, la réponse à la crise ne peut résulter de la seule adaptation des dispositifs classiques et des progrès de la gestion. Il s’agit bien de changer la façon de décider et d’agir, non pas en créant de nouvelles normes car l’accumulation des textes et l’enchevêtrement des compétences sont déjà suffisamment nocives, mais en mobilisant l’ensemble des ressources locales humaines et financières au service de la cohésion nationale. C’est le rôle du développement social.
La définition du développement social
Le concept de développement social n’est pas nouveau. Mais, alors que dans sa conception initiale et universelle, le développement social a pour finalité de dynamiser l’ensemble de la société dans ses aspects relationnels et solidaires, en France il a été principalement mis en oeuvre dans le cadre étroit des démarches de lutte contre la précarité. Ainsi il a longtemps été utilisé à propos de la politique de la ville, et le monde de la protection sociale (MSA, CAF) y fait souvent référence. Ce qui abouti à ce que le développement social soit orienté principalement vers des quartiers ou des publics spécifiques, avec le concours de professionnels spécialisés et de financements particuliers.
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Face à l’extension de la vulnérabilité provoquée par l’aggravation des crises économiques, environnementales, et récemment sanitaires, le développement social doit s’affirmer plus que jamais comme un mode de traitement territorial et non pas seulement social. Car il doit s’attacher au maintien actif dans notre société des populations fragilisées par la précarité économique mais aussi par la différence culturelle, l’âge, le handicap, l’isolement, etc. Le développement social s’éloignera alors tout naturellement d’une logique de dispositifs au profit d’une logique d’animation territoriale, s’appuyant sur un processus de mobilisation de toutes les potentialités locales.
Le développement social peut alors être défini comme une démarche favorisant la convergence de toutes les politiques locales vers la reconstruction des liens sociaux et des repères collectifs, mais aussi en recherchant l’implication de tous les acteurs locaux (professionnels et habitants) dans le développement d’initiatives (culturelles, éducatives, festives, sociales, sportives…) visant à renforcer les solidarités de proximité. Et pour ce faire il est nécessaire de privilégier une logique ascendante où les acteurs de terrain, les usagers et les habitants nourrissent les choix politiques, contrairement à la logique de dispositifs qui impose ses choix au lieu de les co-construire avec les habitants.